Par Lucas Le Texier
Explicit Liber, le conte musico-historique jazzistique, continue sa lancée avec Checkpoint Bravo – Part. 2. Le trio mené par le contrebassiste Benoit Keller au côté de Denis Desbrières à la batterie et d’Aymeric Descharrières aux saxophones nous emmène pour ce deuxième opus sur le mur de Berlin à l’occasion du 30e anniversaire de sa chute – le Checkpoint Bravo était l’un des postes-frontières permettant de franchir le Rideau de fer. L’une des originalités de la formation réside dans l’utilisation comme matériel de création d’archives sonores parlées, telles que le célèbre Ich bin ein Berliner de J.F.K. ou des reportages journalistiques de l’époque. Généralement introduits aux débuts des morceaux, ces extraits donnent une profondeur supplémentaire au disque enregistré en live au Crescent de Mâcon.
Au milieu des évènements historiques se dégage le son mat et lourd du groupe. Sur Le principe d’incertitude, le groove cassé et prométhéen de Keller soutient le baryton vindicatif et free de Descharrières. Piste 4, les instruments se partagent le riff de Trabant et improvisent dans l’atmosphère percussive de Desbrières qui charpente impeccablement l’album.
Dans leur démarche, les artistes cherchent à illustrer les tensions autour et entre ces deux Allemagnes. Sur We Shall Overcome, les témoignages de berlinois découvrant l’autre côté du monde sont accompagnés d’une atmosphère improvisée lancinante et flottante. Le remplissage batterie de plus en plus imposant, et le riff au saxophone imperturbable mais de plus en plus paroxystique, viennent souligner cette scission politique qui trouve son origine dans les influences géopolitiques de la deuxième moitié du XXème siècle. Sous les tilleuls, dernier morceau de l’album, l’extrait raconte l’épisode du violoncelliste russe Mstislav Rostropovitch qui joua sur le mur à sa chute Checkpoint Charlie, une manière de préparer le prochain opus ?
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